Juliette Buschini : Stickers et paillettes
Le travail pictural de Juliette Buschini puise profondément dans la culture populaire, où l'insouciance de l’adolescence et l'esthétique "Do It Yourself" occupent une place centrale. Plus jeune, elle customisait déjà ses vêtements, accessoirisait ses tenues avec des badges ; aujourd'hui, elle applique cette même approche à sa peinture. Elle célèbre le kitsch comme un reflet des goûts et des sensibilités de l'adolescence, cette phase où l'on explore et affirme son identité à travers des choix souvent perçus comme naïfs ou démodés.
Ses œuvres sont modulables, certaines pouvant être utilisées comme des fonds, tandis que d'autres naissent de gestes rapides, d’intuitions fulgurantes. Travaillant sur des supports variés, tels que le bois, la toile brute, le carton, une coquille Saint-Jacques ou encore un drap de lit, elle dépasse les limites de la simple bidimensionnalité, n'hésitant pas à intégrer, assembler ou coller des matériaux composites dans ses peintures.
Elle collecte des objets du quotidien, principalement dénichés dans des magasins de déstockage comme Noz, reflétant son engagement pour une économie de moyens et privilégiant l'utilisation de matériaux récupérés ou peu coûteux. Des reliques des années 90-2000 à des jouets pour chiens, en passant par des stickers holographiques et des gadgets en plastique, tout y passe. Elle s'inspire également d'images trouvées en ligne, sur des sites comme Vinted, ainsi que d'éléments saisissants qu'elle décide de photographier dans la rue. Un objet, une phrase ou un motif peut alors se révéler comme le fragment d'une éventuelle narration en devenir.
Les œuvres de Juliette Buschini ne racontent pas toujours des histoires explicites ; au contraire, elle laisse volontairement des zones d'ombre pour permettre aux spectateur·rices d'interpréter le sujet, finement guidé·es par les références culturelles et pop qu'elle emploie. Qu'il s'agisse d'évoquer le titre d’un morceau, un ticket à gratter, une poupée Bratz, des icônes comme Zidane ou de transformer une housse de couette en poster géant d’Hannah Montana, son travail interagit avec notre mémoire collective. On prend plaisir à observer avec attention ses toiles où l'humour côtoie la nostalgie et où le premier degré se mêle subtilement au second.
Émilie d’Ornano, Août 2024
Émilie d’Ornano est commissaire indépendante, critique d’art, enseignante et directrice de KOMMET centre d’art à Lyon qu’elle a fondé en 2019. Elle enseigne l’Histoire de l’art, la stratégie de communication et le commissariat d’exposition à l’ICART, à l’école Brassart, à l’École Bellecour et à l’Université de Saint-Etienne. Depuis 2023, elle anime un programme d’accompagnement et d’aide à la professionnalisation à destination des diplômé•es de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon.
Elle développe une approche critique et curatoriale qui se veut participative et engagée au plus près des artistes et de leurs pratiques. Elle porte une attention toute particulière aux artistes qui témoignent d’une réflexion portée sur les évolutions et les bouleversements récents de nos sociétés contemporaines.).
Elle est membre de C|E|A, Association française des commissaires d'exposition, et engagée dans le réseau Adele à Lyon, auprès du CACN, Nîmes et de l’Espace Montebello, Lyon