Nicolas Baguet est un artiste-sérigraphe né en 1992 à Viriat.
Il co-gère l’atelier & maison d’édition Le Bain d’Huile à Ouges et signe les illustrations de saison de L’ABC depuis la saison 2023-2024.
Avec cette nouvelle exposition, Nicolas Baguet nous invite à découvrir un aspect inédit de son travail. Ses créations prennent une dimension nouvelle portée par des installations de vitraux où se transposent ses illustrations.
Ses créatures illustrées, souvent inspirées du bestiaire médiéval, prennent vie dans la lumière, jouant avec la transparence, l’opacité et les textures du verre. Dans ses œuvres, Nicolas Baguet revisite le vitrail, non pas comme un simple ornement, mais comme un puissant vecteur de narration. Il s’inspire des caractéristiques mystiques de créatures réelles : croyances, légendes locales ou parfois mauvaise traduction de textes depuis d’autres langues en se penchant sur la manière dont certaines créatures, à travers l’histoire, se sont vues attribuer des pouvoirs ou des qualités nourries par les récits. Le bestiaire médiéval en regorge d’exemples : des animaux réels ou imaginés, rendus mystiques par des caractéristiques qui ont été amplifiées, voire déformées, par la transmission orale ou écrite. « Si froide qu’elle éteint le feu lorsqu’elle le touche » C’est ainsi que la Salamandre est décrite dans l’Histoire Naturelle de Pline l’Ancien. Longtemps considérée comme habitante du feu et pouvant le maîtriser, empoisonner l’eau des puits ou même faire gonfler le bétail, la salamandre peuple bestiaires médiévaux, légendes et récits populaires aux côtés de Phénix, Aigles, Castors ou Mandragores.
Ce glissement entre réalité et imaginaire, a laissé place à des symboles puissants qui transcendent la simple observation du monde naturel.
Ce phénomène, où l’imaginaire prend le dessus sur la réalité, n’est pas sans rappeler notre époque contemporaine. Nous vivons dans un monde où l’information est omniprésente, souvent rapide et éphémère. Elle manque parfois d’une dimension moins factuelle, plus poétique. C’est dans ce contexte que Nicolas Baguet réaffirme la force du récit à travers ses pièces. Ses installations proposent plusieurs niveaux de lecture où les fragments de texte s’assemblent sans jamais se figer dans une lecture unique. Les textes, intégrés dans la matière même de l’œuvre, deviennent une substance vivante qui évolue sous les yeux du spectateur.
Dans ce dialogue entre le public et la matière, sa démarche nous rappelle que la puissance d’un récit ne réside pas seulement dans son exactitude, mais dans sa capacité à susciter l’imagination, à questionner et à transcender les limites du connu.