POV :
À travers l’anatomie d’un regard qui erre, le hurlement d’une mémoire qui a peur de mourir, se consumer pour éclater en un amas de couleurs.
C’est par les chemins tracés d’une ombre à quatre pattes que commence chaque histoire, où s’attachent un regard, un souvenir, quelques sentiments. Par-delà ces sentiers se dessinent ainsi les décors, les textures, les courbes d’un rêve qui parvient au réel. Ce sont ces légères empreintes relevées au sol qui abîment le souvenir, détournent les récits, pour s’en suivre au numérique où quelques calques s’embrassent, s’éblouissent et que les ratures, les croquis s’envolent, semblables à la fusion d’un vampire au soleil. C’est un processus qui emprunte lui-même ses propres chemins, il s’émerveille pour que le ciel se traduise en un camaïeu de verts, les fleurs en bombe, la peur en huile et la brume de l’esprit en quelques couches d’acrylique.
C’est l’angoisse, l’amour, la peur qui nous détournent. Rien n’est plus fidèle à ses souvenirs, rien n’est plus fidèle au réel, tout est à construire, tout est à choisir. Alors c’est d’une histoire comme son souvenir, à moitié effacé, par l’abstrait qu’elle se protège, par bribes qu’elle raconte son intime, ses frayeurs ; ces histoires qui se narrent les lèvres serrées ; car la peur incombe, la peur de ne plus rien avoir à soi, de ne plus savoir comment ni pourquoi.
Dirigée par la documentation de ses flâneries, ses souvenirs, ses traitements numériques, et ses peintures acryliques, Elodie Armata crée son propre langage, un langage pour protéger ce qui lui reste, pour ne jamais oublier l’émotion de chacune de ses errances.
C’est le rêve captif entre quatre coins, ce sont les reliques d’une mémoire qui émergent désenchantées, tentant de digérer quelques souvenirs à raconter, ici, là- bas, ailleurs, partout et nulle part à la fois.
Marie Luu