Riche de 76 œuvres, la collection d’art numérique de l’Espace multimédia Gantner est unique en France. Initiée en 2004, la politique d’acquisition de cette collection est fondée sur l’exploration d’un champ d’œuvres contemporaines aux diverses formes, en constante évolution.
L’exposition présentée vous fera ainsi découvrir les œuvres acquises en 2023 avec notamment « Bloemenveiling » de Nina Ridler qui nous entraine dans la blockchain avec sa tulipe. Vous pourrez aussi vous plonger dans l’univers des paradis fiscaux avec « Algoffshore » du collectif RYBN et enfin, découvrez l’œuvre de Cécile Babiole, « Copies non conformes », une invitation à l’érosion d’une œuvre imprimée en 3D.
Algoffshore : Générateur de schémas d’évasion fiscale
RYBN
2017-2021
Algoffshore : générateur de schémas d’évasion fiscale, est conçu sur l’étude des modèles classiques d’optimisation fiscale. En synthétisant ces différentes techniques, il vise à automatiser un montage global optimal, et à déterminer les meilleures routes et structurations offshores, afin de ne payer aucun impôt. Le but est d’obtenir les conditions les plus favorables en terme fiscal et les plus flexibles en termes juridiques (droit du travail, protections de l’environnement, conditions d’exploitations, etc). Pour ce faire, l’algorithme met à contribution les prêts inter-filiales, les prix de transferts, les clauses de fuites et l’ensemble de l’arsenal comptable et juridique de l’industrie de la défiscalisation.
Bloemenveiling Token #4 – Anna Ridler
2019
N°47
Une des premières œuvres d’art NFT, Bloemenveiling, était une vente aux enchères non linéaire de courtes vidéos de tulipes générées par GAN ; elle utilisait des contrats intelligents sur le réseau Ethereum pour vendre l’œuvre et des bots pour aider à faire monter les prix spéculatifs. L’œuvre a été réalisée en collaboration avec David Pfau, un chercheur en intelligence artificielle, et est la troisième d’une série de travaux qui examinent la relation de la tulipe avec la spéculation, le battage médiatique et la valeur. Grâce à l’utilisation de ces types de technologies, qui sont de plus en plus présentes sur différents types de marchés, l’œuvre interroge la manière dont la technologie stimule le désir humain et la dynamique économique par le biais d’une pénurie artificielle. Elle a été créée comme une œuvre d’art, pour une exposition dans une galerie, mais il s’agissait d’une application distribuée (dApp) entièrement fonctionnelle, qui existe en tant qu’exemple de ce qu’elle critique également.
Copies non conformes – Cécile Babiole
2013
L’installation Copies Non Conformes* met en scène l’érosion et les mutations à l’oeuvre dans l’opération de reproduction de petites sculptures. Il s’agit des 17 caractères typographiques formant les mots : « JE NE DOIS PAS COPIER ». La formule s’inspire des punitions de mon enfance qui consistaient à faire recopier 100 fois et manuellement des phrases sentencieuses du type « Je ne dois pas bavarder en classe ». Ici, ce n’est pas à la main que la phrase est recopiée, mais en utilisant un procédé de fabrication numérique : chacun des signes est modélisé et imprimé en 3D, puis l’objet résultant est numérisé grâce à un scanner 3D. Ce nouveau modèle est ré-imprimé, et, ainsi de suite, un certain nombre de fois en boucle. Chaque génération accentue la dérive des formes jusqu’à ce que les derniers objets reproduits soient devenus méconnaissables.