Claude Viallat, est né le 18 mai 1936 à Nîmes où il vit.
En 1969, il est un des membres fondateurs du groupe Supports /Surfaces rassemblant Pierre-André Arnal, Vincent Bioules, Louis Cane, Marc Devade, Daniel Dezeuze, Noël Dolla,Tony Grand, Bernard Pagès, Jean- Pierre Pincemin, Patrick Saytour et André Valensi.
Si Claude Viallat n’est pas le seul artiste à être resté fidèle à des pratiques et des préceptes instaurés du temps de Supports/Surfaces, il est bien l’unique à les explorer encore avec les mêmes moyens et les mêmes matériaux. De cette ténacité à ne pas abandonner des processus valides et efficaces naît une image paradoxale faite d’entêtement et d’ouverture, où coexistent fixité et mouvement, et ce, depuis l’apparition de cette fameuse forme sans nom qui signe son travail depuis plusieurs décennies.
Cette fameuse forme vouée à être considérée comme un haricot, un osselet, une palette ou un corps de femme selon le degré de culture ou de poésie du regardeur, est avant tout une proposition libre anonyme assujettie à toutes les expériences et à toutes les évolutions, répétable à l’infini. Elle s’adapte à tous les fonds et à toutes les toiles de récupération, draps, rideaux, toiles de jean ou toiles de tente, parasols ou dessus de fauteuil. Elle s’accroche à tous les accidents et se joue de toutes les usures. Toujours reconnaissable, elle n’est
à bien y regarder, jamais identique à elle-même, ni dans la taille, la forme, la matière ou les couleurs. Elle a même réussi à occulter les nombreuses autres recherches de Claude Viallat à partir d’objets trouvés, notamment. Docile et consentante, elle accepte toutes les explorations dans lesquelles Claude Viallat
concentre toutes les propositions du vingtième et du vingt-et-unième siècle.
« Je ne vois aucune nécessité à changer de système. Si j’en changeais, je créerais une autre forme avec le même jeu de forme et de contre-forme qui spécifierait une autre image de marque. Mais cela ne changerait rien à ma recherche, entre la matière et la couleur. Alors pourquoi changer de forme ? La forme n’a pas
d’importance. Je vis une grande aventure qui n’est pas du tout terminée. » (1)
1- entretien avec Catherine Lawless, 1991, Galerie Jean Fournier
François Bazzoli
Depuis plus de quarante ans, Claude Viallat se joue de ses propres règles picturales en conjuguant à l’infini sa forme signature à la croisée de l’éponge, du haricot ou de l’osselet.
Tombé dans la peinture un peu par hasard, Claude Viallat fait ses classes à l’École des Beaux-arts de Montpellier puis à celle de Paris. Entre les deux, il peint des taureaux sur des boîtes de fromage, met ses peintures à l’épreuve du feu et s’inspire de Matisse sur des planches de récupération, le tout durant son service militaire en Algérie. Devenu professeur à son tour, Claude Viallat incite ses élèves à trouver leurs propres signatures. La sienne, il la trouve en 1966 au détour d’une expérimentation à l’éponge. C’est une forme aux contours souples, oblongue, qui ressemble pour certains à un haricot, pour d’autre à l’empègue qui décore les maisons du sud, mais surtout qui ne signifie rien. Depuis, Claude Viallat la conjugue à l’infini, la maltraite, la travaille sans relâche.
« J’ai trouvé la manière dont les peintres en bâtiment peignaient les cuisines dans le sud de la France. Ils chaulaient les murs en blancs, puis trempaient des éponges ou des tissus dans de la chaux bleue ou rose et tamponnaient régulièrement les murs, de manière à avoir une espèce de papier peint du pauvre en répétition.
Et cette technique de répétition était très importante pour moi. Il me fallait trouver un véhicule pour pouvoir marquer une image et c’est une éponge corrodée par la javel qui me l’a donné et qui a donné la forme que j’emploie encore actuellement. »
Dans ses œuvres, on croise des draps, des velours, frappés ou ras, des toiles de bâche, des rideaux à fleurs, des foulards, des tentes, des toiles à coussins, à dossiers, à matelas mais aussi des portes, bois flottés, cordes, filets de pêche ou cercles de barrique… Autant de matériaux, tantôt seuls, tantôt montés ensemble, qui ont leur propre manière de faire réagir la couleur et de jouer des variations chromatiques.
Extraits des entretiens entre Claude Viallat et Arnaud Laporte, lors de l’émission « Affaires Culturelles » diffusée en février 2021 sur France Culture
En collaboration avec la galerie Ceysson & Bénetière
Les jeudis, vendredis, samedis et dimanches de 14h30 à 19h ou sur rendez-vous