Tout existe côte à côte et s’interpénètre, comme d’immenses motifs qui changent sans cesse ; de la même façon il doit y avoir un nombre illimité de réalités, pas seulement la réalité que perçoivent nos sens, mais un tumulte de réalités s’enroulant et se déroulant, dedans et dehors. Seuls, la peur et le bon sens établissent des obstacles. Il n’y a pas de limites.
Le voyage, dans le sens de la découverte et de la dérive, fait partie de ma vie et de mon processus de recherche artistique. Lors de mon installation dans le Jura en 2006, j’ai pris la décision de vivre dans ce territoire comme si je le découvrais en tant qu’étrangère à chaque instant : « habiter quelque part, c’est voyager sur place. »
Depuis la série photographique Paysages de bord de routes, j’utilise le déplacement comme mode opératoire de création dans mon environnement quotidien.
Mes longues et innombrables déambulations relèvent d’une forme de dessaisissement. Se perdre pour trouver une nouvelle présence au monde, et se rendre sensible à des instants de surgissements. La déambulation est un temps, un temps de déplacement sans autre objectif que celui de suivre un rythme au ralenti, dans l’attente d’une rencontre unique entre un lieu et la lumière, la saison, les météores... Chaque pièce étant, pour la plupart, le fruit de plusieurs mois de repérage, d’attente, et issue de trajets sans but. Et ce temps participe pleinement à l’expérience de création aboutissant, à un moment, à une image.
Je pratique aujourd’hui principalement deux médiums qui mobilisent une approche intuitive de la création : le sténopé et le dessin. L’un et l’autre me permettent de rendre compte de l’expérience de mes présences et de mes liens avec le(s) vivant(s). Je les réalise en immersion dans des espaces naturels qui m’inspirent. Ces immersions stimulent des vagabondages dans un espace de l’esprit, des voyages exploratoires qui viennent éprouver, dévoiler, amplifier mes liens à l’altérité.
Mon travail propose des espaces d’ouverture qui suggèrent visuellement quelque chose de singulier, mystérieux, émerveillant. Il est une invitation à se perdre avec confiance dans un inconnu et à se rendre disponible à des possibles inattendus, entrer sensiblement en contact, être.
Il est une invitation à voir autrement, à s’immerger dans d’autres perceptions de la réalité. Il suggère de porter son attention sur des dimensions invisibles du réel et à nourrir et élargir la conscience de son propre espace d’existence. Nous sommes le produit de notre environnement, nous sommes façonnés par l’endroit où nous vivons, et nous influençons également notre environnement. Ces interconnexions sont pour certaines évidentes et pour d’autres imperceptibles si on ne les observe pas, mais non moins indispensables. À partir du moment où notre conscience se pose sur l’existence de cette immense interdépendance, cela soulève quelques questions :
De quelle manière j’interagis, je m’interconnecte avec le(s) monde(s) ? Quels engagements m’animent dans mes relations aux mondes ?
Ces questionnements intimes orchestrent souterrainement les chemins empruntés dans mes pratiques artistiques.
Dernières expositions
2024
Solo - Sur le bout des doigts, Baume-les-Messieurs (39)
Solo - Ateliers en zig-zag, Baume-les-Messieurs (39)
2023
Col. - Sublimer le quotidien, Baume-les-Messieurs (39)
Solo - Excitées comme un matin de neige, Galerie Padouk, Lons-le-Saunier (39)
2022
Solo - Excitées comme un matin de neige, Festival International du Film de Montagne d’Autrans (38)
2021
Col. - ÉMANCIPÉ.E, la tAntative, Houtaud (25)
Col. - Au fil de l'eau, Gigny-sur-Suran (39)
Solo - Un matin, l'envie me prenant de faire une promenade, La Caborde, Beaufort (39)
Solo - Nos ombres, ton jardin, Cressia (39)
Formation
1996 - École Nationale Supérieure des Beaux Art, Dijon (21)
- Intervention en et hors milieu scolaire
- Médiation
Autres Frontières - Galerie du Forum Transfrontalier
Co-créatrice avec Christelle Fillod du projet Caravane Obscura