Les œuvres de Melissa Pinon sont des fragments de réalité qui tissent un dialogue intime avec les grands maîtres de l’histoire de l’art, tels que Manet, Chardin, Velázquez, Delacroix ou encore Rubens. Ces figures, par l’intensité de leurs études et leur influence, deviennent des compagnons de route dans son processus de création. Chaque tableau est une quête sur la lumière, la matière, et l’essence même des choses. L’artiste s’attache à capter la vérité de l’objet et du corps, sans fard ni artifice.

Ses sujets se déclinent souvent sous forme d’assemblages d’objets choisis avec soin, disposés sur un espace délimité et peint sur des fonds gris et noirs, souvent dans un cadre dépouillé. Ces objets, parfois anodins mais d’une grande force de présence, deviennent des acteurs de la scène : une chaise d’enfant, des gants en plastique roulés, une paire de sandales de plage ou encore des chaussons de ballet. L’artiste les observe avec une rigueur quasi scientifique, cherchant à les transcrire avec une vérité presque objective, tout en jouant avec les variations de lumière, la fragilité des formes, la texture de la chair animale et des plantes.

L’un des axes majeurs de son œuvre réside dans la représentation des corps, entre abstraction et figuration. Ses nièces, ses neveux, ses amis, à tous les âges de la vie, deviennent des figures privilégiées. Par affection et jeu, ces corps se transforment en présences à la fois fragiles et sensuelles, somnolentes ou vulnérables. Mais l’artiste ne s’arrête pas à l’intimité de son cercle familial. Elle capte également des scènes de la vie urbaine, des inconnus croisés dans les transports publics, comme des fragments de solitude et de vulnérabilité humaine. Ces images, empreintes de poésie mais aussi de tension, révèlent la fragilité du corps dans un monde qui semble toujours plus abrasif.

À travers cette approche, Melissa Pinon invite à une réflexion sur la condition humaine, sur la perception du monde qui nous entoure et sur la distance, souvent cruelle, qui sépare l’individu de son environnement. En puisant son inspiration dans l’intimité de ses proches comme dans la fugacité de l’instant capté dans l’espace public, elle parvient à faire surgir, par le biais de la peinture, une réalité presque palpable, qui dialogue à la fois avec les maîtres du passé et les préoccupations contemporaines.